Elle se trace dans un espace infini, la ligne n'a pas d'autres limites qu'elle-même. Le motif, décliné sur différents supports, nous apparaît évident. On le voit ainsi mais c'est un leurre. La ligne est complexe. Quand on suit l'artiste et son feutre glissé sur un mur, on attend le moment où la ligne va se mélanger, se rencontrer, s'arrêter sur une erreur. On attend, indéfiniment parce qu'elle file malgré tout dans une logique qui nous dépasse. La ligne est évidemment tracée selon une organisation qui nous dépasse .Sur le mur elle est grosse et large ; en acier, elle semble fine comme un file ; autour de clous, la laine forme une surface qui multiplie les ombres. En argent, elle est courbes. Sur une moto, elle épouse les formes et sur la peau, elle tatoue avec grâce. L'artiste a intégré les multiples possibilités du trait depuis l'enfance. C'est le geste simple décliné au fil des ans qui trouve aujourd'hui sa raison d'être, sa valeur et son esthétique.
Un départ, une arrivée ? C'est la solution la plus simple, un jeu d'enfant apparemment simple mais le cheminement est complexe, lent car il faut s'engager dans ce labyrinthe, suivre le tracé, changer de direction, se soumettre sans s’étonner des retours en arrière, sans se heurter aux coudes à angle toujours droit…Mais obéir, tenir la route, suivre les méandres, toute volonté abolie. A l'arrivée que faire? retourner comme l'esclave à sa roue ou sortir des rails, sauter dans le blanc, l'inconnu, la liberté?
Une troisième option, prolonger cette corde noire, la tenir dans l'espace virtuel pour découvrir la main, le principe créatif qui s'acharne sur ces supports aussi variés qu'un plan, une structure en trois dimensions, une moto…